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Par Anonyme, le 14.07.2023
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Date de création : 10.05.2007
Dernière mise à jour :
22.05.2022
127 articles
Hormis la Révolution Française, jamais une période de notre histoire collectionne autant de dénis, de mauvaise foi, de postures idéologiques et de mensonges.
Commençons par le début. Alger appartient à l’Empire Ottoman et est un repère de pirates qui écument les côtes de France, d’Espagne et d’Italie. Des villes et des villages sont razziés régulièrement. Des navires sont attaqués. Les populations captives sont vendues comme esclaves. Craignant la puissance royale française, le dey d’Alger n’hésite pas à aider les révolutionnaires français. Il finance même le Directoire à qui il prête de l’argent sans intérêt. La France redevenue royale ne remboursera qu’une partie des dettes de la République, ce qui mécontente le dey. En plus, le roi de France s’associe aux Anglais en 1819 pour exiger de ce dey la fin de l’esclavage des Européens. La tension entre la France et Alger est à l’origine de ce coup d‘éventail donné au consul de France par un dey en colère. Le roi de France Charles X en profite pour intervenir militairement et devancer ainsi les Anglais qui s’apprêtaient à faire de ce territoire une nouvelle colonie.
La conquête de l’Algérie n’est pas facile. Les Ottomans (les colonisateurs) sont battus. Les esclaves sont libérés. Mais des populations notamment les Berbères, résistent. Ils se sont battus contre les Arabes et les Ottomans pour rester libres. Ils ne veulent pas être colonisés par la France ou par tout autre pays. Pendant des décennies, l’armée française va se distinguer par sa sauvagerie, ses massacres, ses famines organisées et ses pillages.
Alger est annexé à la France dès 1834 et les autorités françaises adoptent le nom d’Algériecomme appellation officielle pour tous les territoires conquis, situés entre le royaume du Maroc et le beylicat de Tunis. L’armée française s’appuie sur des auxiliaires et des interprètes musulmans qui diffusent ainsi leur religion dans des régions ou les Arabes et les Ottomans n’avaient pas pu s’implanter.
La colonisation de l’Algérie est la grande œuvre de la IIIe République. Elle veut démontrer la supériorité de la République et de la Laïcité mais aussi leur universalité. Jules Ferry (1832-1893) fait partie de ces dirigeants et de ces personnes qui sont convaincus que la France a une mission civilisatrice. Elle doit porter partout où elle le peut sa langue, ses mœurs, son drapeau, ses armes, son génie. La République instaure le code de l’Indigénatle 12 juin 1881. A partir du 23 mars 1882, le parlement français impose aux indigènes de s’inscrire sur les registres de l’état civil. Des noms arabes sont donnés aux habitants d’Algérie par des agents de l’état civil. Les villages sont rebaptisés. N’oublions pas le rôle de ces auxiliaires et interprètes musulmans au service des Français, ce sont eux qui donnent les nouveaux noms. Prosélytisme déjà…
La IIIe République transforme l’Algérie en colonie de peuplement. Des volontaires, puis des proscrits (Royalistes, Communards…), des réfugiés (Alsaciens, Lorrains…), des déportés et des immigrés (Italiens, Espagnols…) s’installent. Ils vont transformer et développer magnifiquement ce pays. L’Algérie devient l’équivalent des USA pour l’imaginaire républicain (grands espaces, colons, réussites personnelles...) et les indigènes (Berbères, Arabes…) seraient en quelque sorte les peaux-rouges de la République.
Cette IIIe République aime donner des leçons d’égalité et de laïcité. Pourtant elle n’hésite pas à octroyer automatiquement la nationalité française aux seuls Juifs d’Algérie (décret Crémieux du 26 octobre 1870). Elle la refuse aux autres indigènes, musulmans ou pas. Ceux-ci sont juste bons à travailler, à payer l’impôt, à faire la guerre et à mourir pour la patrie. 14-18 : dès son arrivée au pouvoir, Clémenceau décide d’envoyer systématiquement en première ligne les troupes coloniales pour épargner le sang des Français ???? Un combattant algérien sur cinq est tué. Combien de blessés et de mutilés ? Beaucoup, beaucoup trop. En 39-45, ces Algériens reviendront pour libérer l’Italie puis la France du joug nazi au son de la fameuse marche : c’est nous les Africains…
Soyons capables de regarder en face cette répression épouvantable menée le 8 mai 1945 dans plusieurs villes de l’Est de l’Algérie. A Sétif, une centaine de Français de type européen sont massacrés lâchement par des nationalistes fanatisés. L’armée française réagit d’une façon brutale et disproportionnée. Combien de morts ? Des milliers ? Des dizaines de milliers ? Et combien de victimes innocentes ? Beaucoup trop… Les calculs de politiciens inconscients et l’égoïsme de grands possédants font croître les inégalités, les injustices et les incompréhensions. La patrie des Droits de l’Homme et de la souveraineté nationale refuse l’égalité, la liberté et la fraternité à toute une partie de sa population.
Les USA et les Soviétiques attisent le feu, espérant bien profiter de l’aubaine pour remplacer les affreux colonialistes français. Ils disposent en France de puissants relais et de partisans zélés. Vous savez ces partis politiques (libéraux, socialistes, communistes…), ces « intellectuels » et ces médias (L’humanité, l’Express…) qui préfèrent voir leur pays s’inféoder à une Grande Puissance.
Saviez-vous qu’il a fallu attendre la Guerre d’Algérie pour qu’enfin le taux d’alphabétisation des indigènes décolle et qu’une vraie politique d’investissements économiques et sociaux ait lieu (bravo les EMSI !).
La guerre d’Algérie est d’abord une affaire d’actes de terrorisme, de meurtres et de manipulations multiples. La France est seule et divisée. Les affaires algériennes servent de cadre à des manœuvres politiciennes en tout genre. L’Algérie vote traditionnellement à gauche. Les Gaullistes sont à la manœuvre…
La France gagne la guerre militairement mais elle la perd aux plans diplomatique et symbolique. La pression est forte, trop forte notamment de la part de nos « amis et alliés ». De Gaulle s’en rend compte et trahit ses engagements initiaux pris auprès des Français d’Algérie. Il tranche pour l’indépendance.
En 1960, l’ONU dénombre 263 000 Musulmans pro-français susceptibles d’être mis en danger en cas d’indépendance du pays. Il s’agit de militaires de carrière, d’appelés, d’anciens combattants, de membres de groupes civils d’autodéfense, d’élus, de fonctionnaires…Sachez que seulement 21 000 ont été pris effectivement en charge. Et encore, il s’agit de « miraculés ». Des officiers courageux ont osé braver les ordres du Ministre Louis Joxe qui avait écrit le 25 mai 1962 que les supplétifs débarqués en métropole seront renvoyés en Algérie. Les promoteurs et les complices de rapatriements prématurés seront l’objet de sanctions.
N’oublions pas que le 26 mars 1962, des militaires français ont tiré sur des Français désarmés qui manifestaient devant de la Grande Poste rue d’Isly à Alger. Une première depuis Georges Clemenceau ! Le massacre est filmé par la RTBF. Jamais les Français ne verront ces images. Pire les familles ne verront jamais le corps de leurs défunts. Aucunes excuses, aucune commission d’enquête… mais le déni, le silence…
C’est vrai, la torture a été employée par des militaires et des policiers. C’est un scandale même si le camp « d’en face » la pratique sans vergogne et mutilent les prisonniers et les otages détenus. Mais que faire quand en face de vous, vous avez un terroriste qui a posé une bombe qui va tuer et blesser des innocents, peut-être même certains de vos proches ? Que faire ? Facile de se réfugier derrière de grands principes quand la réalité et la décision à prendre sont loin de vous. Ce n’est pas excuser la torture que de se poser cette question.
N’oublions pas toutes ces personnes pourchassées par les fanatiques en 1962. Elles ont cherché la protection des soldats, de nos soldats. Ceux-ci, ordre oblige, sont restés dans leurs casernes, les portes fermées. Interdiction d’intervenir… Pas question de sortir… Combien de morts ? On ne le sera jamais mais ces appels à l’aide sans réponse, le bruit de ses poings qui frappent si durement la porte, les cris des femmes, les pleurs des enfants, ces traces d’ongles sur ces portes et ces fenêtres restées closes, ce sang, dehors, sur les murs et les trottoirs, ces visages terrifiés de femmes mutilées et d’enfants égorgés y compris des nouveau-nés... hanteront ces soldats pendant toute leur vie. Et ce dernier regard sur cette terre d’Algérie française. Ces cris affreux et ces cercueils déterrés à la hâte par ces fanatiques musulmans (déjà !) pour être balancés à la mer car ils voulaient purifier une terre redevenue « arabe ». Pas surprenant que des Français d’Algérie et des militaires se réfugient dans les excès du désespoir et de la vengeance en commettant d’inutiles représailles.
La valise ou le cercueil. Obligé de partir. Abandonné par les siens. Pas protégé par son propre pays. Laisser ses souvenirs, sa vie, ses morts… pour aller vers ce pays qui est le sien mais qui les a laissé vivre l’enfer. Ce pays où la plupart de ces habitants les regardent de haut, se moquent de leur accent, les assimilent à des colonialistes/esclavagistes…
Et ces Harkis massacrés avec leurs femmes et leurs enfants, combien sont-ils ? 20 000, 50 000, 100 000, plus encore ? Comme d’autres Musulmans et indigènes, ils ont cru en la parole de la France et l’ont servie loyalement jusqu’au bout. Rares sont ceux qui ont pu regagner la France. Eux ; on les cache dans des camps puis on les oublie.
Quel courage il a fallu à toutes ces victimes de l’Histoire qui ont dû recommencer leur vie dans un pays où ils n’ont été ni accueilli, ni respecté. Pour rester Français, ils ont tout perdu. On leur a tout pris.
Pas accueillis et humiliés aussi ces appelés et ces militaires accusés d’être des tortionnaires par les bien-pensants du moment. Ces mêmes bien-pensants qui sont au service de cette Union Soviétique, patrie du goulag industrialisé ou des USA qui, à cette époque, méprisent les Noirs et pratiquent le racisme d’état.
Oui c’est vrai. Il faut regarder la vérité et faire ce nettoyage en rendant justice à ceux et celles qui ont été l’honneur de la vraie France pendant cette période de chaos et de malheur. Remerciements à Pierre Messmer qui ose s’opposer à Joxe devant le Général de Gaulle quand ce ministre veut sanctionner et révoquer les militaires qui ont désobéi.
Oui, ce nettoyage est et sera douloureux. Des autorités, des intellectuels, des médias, la classe politique, des millions de Français… sont responsables d’un drame national, de la mort de plusieurs centaines de milliers de personnes et de l’exode d’un million de leurs compatriotes. Ils ont abandonné d’autres Français par lassitude, par lâcheté, par naïveté, par peur… Ils ont renié la parole donnée à ces hommes et à ces femmes qui croyaient en la France. Ils ont préféré oublier les services rendus par ces Algériens venus deux fois sauver la patrie et libérer le pays. Comment ne pas avoir mauvaise conscience dans ce cas ?
Oui, il faut mettre fin à cette commémoration du 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu qui marque le début d’un des plus grands génocides de la fin du XXe siècle. Sachez que le nombre de morts après le 19 mars est supérieur à tous les morts militaires et civils des deux camps d’avant le 19 mars.
Il y a des pardons à demander aux victimes et à l’Histoire comme il y a un devoir de mémoire et une exigence de véritéà respecter. C’est en balayant devant sa porte qu’il sera possible de laisser un passage à la réconciliation, chez soi entre Français, puis avec l’Algérie.
Jean-Michel Oudjani